La mesure évidente digne du fil à couper le beurre

Publié le 24 Août 2016

La mesure évidente digne du fil à couper le beurre

Mettre sous pression les élèves. Les élever dans un environnement où la compétition est reine et où les attentes sont permanentes...

Si l'on prend en compte que l'on n'est jamais bon dans les matières que l'on n'aime pas, est-ce si surprenant que notre système éducatif est tout juste dans la moyenne mondiale avec des coûts disproportionnés ?

Pour faire progresser les élèves, il faut leur faire aimer l'école car on n'est jamais bon dans un domaine que l'on n'aime pas.

Au contraire, la valorisation, le fait de donner envie doit faire partie intégrante du système éducatif. Il faut pouvoir et savoir dire que des élèves ont des difficultés dans certains domaines et d'axer la formation pour progresser dans ces domaines.

La note à tout prix, sans explication, ne peut que démotiver les élèves les plus motivés.

En ce sens, c'est le logiciel éducatif, dans son ensemble qui doit être réformé ce, afin de redonner envie aux élèves d'apprendre et d'améliorer notre niveau éducatif qui en a cruellement besoin.

Un article du journal 'Le Monde' daté du 16 mars 2016

**************

Supprimer les notes en classe réduirait les inégalités sociales

L'évaluation par compétences est positive, selon une étude du CNRS
La suppression partielle des notes peut-elle permettre à l'ascenseur social de redémarrer ? Dans une France si attachée à la note sur 20, une telle conclusion apporterait une pierre dans le vif débat qui oppose défenseurs et détracteurs du système classique d'évaluation des élèves. Or, c'est précisément ce que montre une étude du CNRS qui vient d'être divulguée. Noyés dans l'actualité liée à la mobilisation des jeunes contre le projet de loi travail, ses résultats sont passés relativement inaperçus. Pourtant, ils tendent à montrer – et c'est une première – que la suppression des notes en classe peut avoir des effets positifs sur les apprentissages. Et permettre de réduire les inégalités de réussite liées à l'origine sociale.

L'expérimentation a été conduite en 2014-2015 dans 70 collèges et lycées de l'académie d'Orléans-Tours, dans des classes allant de la 6e à la 2de. Au total, près de 6 000 élèves y ont participé. L'étude, supervisée par Pascal -Huguet, directeur de recherche au CNRS, s'est, elle, concentrée sur la classe de 3e, dans trois disciplines : mathématiques, français et -histoire-géographie.

Les consignes données aux établissements étaient claires : pas de notes en classe. Celles-ci ne pouvaient être maintenues qu'en fin de trimestre dans les bulletins scolaires, à titre d'indicateurs parmi d'autres pour informer les familles. " Il s'agit de limiter leur usage, qui nous paraît excessif dans le système actuel ", explique Alain Diger, doyen des inspecteurs pédagogiques de l'académie. Un modèle alternatif a été mis en place : l'évaluation par compétences. Les professeurs déterminent les compétences sur lesquelles les élèves ont à travailler. Leur acquisition est régulièrement évaluée en classe sur une échelle de quatre niveaux : non maîtrisé, partiellement maîtrisé, maîtrisé et très bien maîtrisé.

Tous les élèves ont progressé

Rien de révolutionnaire. Voilà près de dix ans que l'éducation nationale s'attelle à développer cette logique, sans trouver de véritable écho sur le terrain tant les résistances sont importantes. C'est donc très prudemment, et sans supprimer les notes, que la ministre de l'éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem, a cherché à donner un coup d'accélérateur à cette évolution de fond. Dans les futurs bulletins scolaires transmis aux parents – à la fin de chaque trimestre et de chaque cycle (CE2, 6e, 3e) – figurera, aux côtés des moyennes, un bilan de l'acquisition du socle commun de connaissances et de compétences, ce bagage que tout élève doit maîtriser à l'issue du collège.

L'étude du CNRS tend à avaliser cette tendance. Deux groupes d'élèves ont été évalués – l'un non impliqué dans le projet, l'autre expérimental – à deux moments de l'année : au début, au moyen de tests standardisés, et à la fin, par le biais des résultats au brevet. C'est en mathématiques que les résultats sont les plus prometteurs. Dans cette discipline, l'écart entre élèves issus de classes sociales -favorisées et défavorisées a été -réduit de moitié (6 points de différence dans le premier groupe contre 3 points dans le groupe expérimental). " Ce n'est pas rien !, souligne Pascal Huguet. Cette différence, voilà des années que l'école républicaine tente de la réduire à grands coups de réformes, et pourtant la France reste championne des inégalités. En une année scolaire, on n'a pas inversé la machine, mais manifestement, voilà une méthode qui semble permettre à l'ascenseur social de redémarrer. Peut-être pas de monter au 10e étage, mais au moins au 5e… "

Autre effet constaté, toujours en mathématiques, les élèves sont moins préoccupés par leur positionnement dans la classe. " Ils cherchent encore à se comparer, mais sont davantage intéressés par ce qu'ils savent faire et ne pas faire, par la manière dont ils peuvent progresser ", précise M. Huguet. Enfin, contrairement aux idées reçues, les bons élèves ne sont pas tirés vers le bas, selon l'étude. Tous les élèves ont progressé, qu'ils soient faibles, moyens ou forts.

En revanche, aucun de ces effets n'a été observé en français et en histoire-géographie. La raison tiendrait au fait que les professeurs de mathématiques sont ceux qui se sont le plus impliqués dans le projet et qui ont le plus collaboré entre eux. Les chercheurs n'excluent pas non plus l'hypothèse que français et histoire-géographie se prêtent moins facilement à l'évaluation par compétences. Quoi qu'il en soit, " dans aucune des trois disciplines, il n'y a eu de baisse de niveau, et c'était, au départ, ce qu'on voulait vérifier ", précise Alain Diger.

" Moins d'appréhension "
Reste à savoir pourquoi la suppression partielle des notes a eu tant d'effets en mathématiques. Dans les établissements expérimentaux, on met en avant plusieurs bénéfices. A l'image du collège Rosa-Parks, à Châteauroux (Indre), qui a commencé l'expérimentation lors de l'année scolaire 2014-2015avec une classe de 3e, et l'a élargie cette année à toutes les 3es. " Les élèves ont moins d'appréhension par rapport à l'évaluation ", souligne Nicolas Malassinet, professeur d'éducation physique et sportive, qui a joué un rôle moteur dans l'expérimentation. Alors qu'il est souvent reproché aux notes de ne pas toujours dire grand-chose du niveau des élèves, " l'évaluation par compétences leur apporte plus d'informations sur où ils en sont et les progrès qu'il leur reste à accomplir ", souligne-t-il.

Difficile de percevoir, avec si peu de recul et à l'échelle d'un établissement, si cette nouvelle méthode d'évaluation a fait grimper le niveau. Mais au collège Rosa-Parks, classé éducation prioritaire, le principal, Philippe Niemec, a une certitude : " On avait des élèves qui ne travaillaient pas car ils savaient qu'ils auraient de mauvaises notes. De toute évidence, ces jeunes, on les a encouragés et on en laisse moins sur le bas-côté. "

Aurélie Collas

Evaluations : les nouveautés en 2016
Un nouveau bulletin trimestriel sera mis en place à partir de la rentrée 2016. Identique du CP à la 3e, il indiquera les éléments du programme travaillés, les projets menés, le niveau de l'élève et fera un " bilan de l'acquisition des connaissances et compétences ". Un bulletin à la fin de chaque cycle (CE2, 6e et 3e) doit voir le jour, sur la maîtrise du socle commun de connaissances et de compétences. Enfin, en 6e, les moyennes – de l'élève et de la classe – sont introduites.

Rédigé par Philippe NOVIANT

Publié dans #Informations

Repost0
Commenter cet article