L'écotaxe est-elle si mauvaise que cela ?

Publié le 9 Septembre 2014

ArbreEn tout cas, il est clair que l'écotaxe ne plait pas à tout le monde. Et pour cause : les sommes mises en jeu pour construire les portiques restent en travers de la gorge des Alsaciens !

Les Alsaciens ont besoin de l'écotaxe pour lutter contre les tranfrontaliers du transit des poids lourds. En effet, en Allemagne, une taxe a été mise en oeuvre. Résultat : on contourne par les Français, là où ça continue à être gratuit et là où on peut polluer facilement !

L'écotaxe n'est pas un frein à la compétitivité, elle est une simple application de la règle du pollueur-payeur. En ce sens, elle se doit d'être remise en place. Mais c'est vrai que l'on ne peut pas compter sur notre simili-ministre-diva de l'écologie pour faire avancer ce dossier !

Un article du journal 'Le Monde' daté du 15 Mai 2014

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Contrairement aux Bretons, les Alsaciens réclament la mise en œuvre du dispositif

Strasbourg Envoyé spécial

Sur la nationale 59 qui relie la plaine d'Alsace aux cols vosgiens, un panneau indique " Point écotaxe ", juste en dessous de celui annonçant la sortie pour la commune d'Urmatt (Bas-Rhin). Les poids lourds qui empruntent cette vallée verdoyante de la Brûche n'en ont cure : rien n'est activé depuis le report du dispositif.

En Alsace, contrairement à ce qui s'est passé en Bretagne, les portiques sont encore debout. Mais l'exaspération est là, pour des raisons inverses à celles qui ont fait s'enflammer l'ouest de la France. " C'est inimaginable, on a dépensé quasiment un milliard d'euros pour installer un système et la ministre de l'écologie, Ségolène Royal, nous dit qu'on ne va pas l'utiliser, s'offusque le président de région (UMP), Philippe Richert. C'est comme si on avait construit quarante ponts sur le Rhin et qu'on demandait aux usagers de ne pas les emprunter. Ici, on a besoin de l'écotaxe. " Et M. Richert de brandir une motion votée, le 22 novembre 2013, par son assemblée régionale : " Le conseil d'Alsace réaffirme la nécessité impérieuse de mettre en place un dispositif dissuadant les reports transfrontaliers du transit des poids lourds. "

Tout le problème alsacien est là. Depuis la mise en place, au 1er janvier 2005, de la LKW Maut, la taxe allemande sur les camions de plus de 12 tonnes, ces derniers franchissent par milliers le Rhin et empruntent les axes français non taxés. Selon les services de la préfecture, la baisse du trafic sur l'autoroute fédérale 5, à l'est du Rhin, a été de l'ordre de 2 000 poids lourds par jour, qui s'est reporté sur l'A35, côté français. En 2012, la LKW Maut a rapporté 4,4 milliards d'euros à l'Allemagne.

" Pleutres "

Le " père de l'écotaxe " comme il se nomme lui-même, Yves Bur, ex-député UMP du Bas-Rhin, maire de Lingolsheim, commune voisine de Strasbourg, déplore cette " longue histoire de renoncements ". L'écotaxe paie, selon lui, le ras-le-bol fiscal qui a gagné le pays en 2013. Pour autant, il ne faut pas céder. " Les politiques qui sont contre aujourd'hui, alors qu'ils étaient pour hier, sont des pleutres ", assène-t-il, rappelant que " l'écotaxe allemande n'a pas été un frein à la compétitivité ". " Personne n'a le courage de s'opposer aux patrons du transport routier et aux donneurs d'ordre ", s'énerve aussi Jacques Fernique, président du groupe Europe Ecologie-Les Verts d'Alsace.

A la tête de Chalot Transports, entreprise familiale créée en 1928, Michel Chalot possède 50 camions, dont 90 % sont déjà équipés de boîtiers écotaxe. Président de la Fédération nationale des transports routiers d'Alsace, organisation hostile à l'écotaxe, M. Chalot a vu le report de fret s'opérer de l'Allemagne vers la France. " Contrairement à ce qu'affirme Mme Royal, les camions étrangers viennent faire leur plein en France, ils profitent d'un gasoil moins cher et des axes routiers gratuits ", dit-il. S'il souhaite que le dispositif de l'écotaxe soit modifié, l'entrepreneur admet la justesse du système : " Tu roules, tu paies, c'est normal. La route est le mode de transport qui répond le mieux aux réalités du monde de l'entreprise. Si on n'a pas l'écotaxe, on paiera sur autre chose, taxe carbone ou diesel… "

Dans la vallée de la Brûche, une file ininterrompue de camions traverse les villages. Celui de Saales (900 habitants, Bas-Rhin) en voit passer 800 par jour. Le maire, Jean Vogel, écologiste convaincu, dénonce les risques encourus : " Les transports dangereux passent par là. Ils n'ont pas le droit d'emprunter le tunnel de Sainte-Marie-aux-Mines, axe qui leur permettrait de rejoindre Saint-Dié dans les Vosges ", dit-il. Les autres camions évitent aussi le tunnel en raison de son tarif prohibitif – près de 64 euros pour le passage d'un trois-essieux.

Philippe Bies, député PS du Bas-Rhin, souhaite aussi le maintien de l'écotaxe, mais en la rendant acceptable. " Ségolène Royal a raison quand elle dit qu'une autre offre doit exister. Tout le monde ne peut pas se reporter sur le ferroviaire ou le fluvial. Mais sans les fruits de l'écotaxe, nous n'aurons pas les moyens de développer ces modes alternatifs… "

R. Bx

Rédigé par Philippe NOVIANT

Publié dans #Informations

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