Quand Sarkozy dépensait de l'argent dans les sondages

Publié le 20 Mai 2013

Elysee palaisSarkozy a au moins été un bienfaiteur pour ces gens là : ces responsables de société de sondage... Quant à être un bienfaiteur pour l'intérêt général, faut voir... Il a ainsi rétribué grassement des études, ce, sans aucune mise en concurrence, et, le tout, avec l'argent du contribuable.

La SNCF, société nationale monopolistique, a aussi bénéficié de ces passe-droit, avec l'argent de nos impôts.

A quand les comptes ? Quand la SNCF remboursera-t-elle au contribuable cet argent versé ? Quand Sarkozy nous rendra-t-il notre argent ? La question se pose pour la SNCF car c'est une entreprise déficitaire largement tributaire des subsides du contribuable pour survivre. Donner de l'argent pour ce service public, je ne dis pas, mais si c'est pour le dilapider, là, je ne suis plus d'accord.

Un article du journal 'Le Monde' daté du 19 Février 2013

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Enquête sur les sondeurs favoris de la Sarkozie et de la SNCF
Giacometti et Peron de nouveau dans le collimateur de la Cour des comptes

Inutile de demander aux communicants et autres stratèges de l'opinion l'identité de leurs clients : ils répondent toujours d'un silence réprobateur. Le privilège de conseiller les puissants - qu'ils soient politiques ou patrons du CAC 40 - impose une stricte confidentialité. Depuis qu'ils ont quitté la direction générale d'Ipsos en 2007 pour créer leur société de conseil, Alain Peron et Pierre Giacometti, le sondeur qui pendant des années commenta à la télé nos soirées électorales, ne dérogent pas à la règle. Mais voilà quatre fois en quatre ans que la Cour des comptes évente leurs secrets en pointant des marchés conclus avec leur société sans aucune mise en concurrence. Et éclaire du même coup les prospères affaires d'un des cabinets incontournables du secteur.

Dans sa dernière livraison, la Cour décortique les opérations de communication " dispendieuses " de la SNCF. " Près de 5 millions d'euros " ont ainsi été versés entre 2008 et 2012 " à la société GiacomettiPeron et associés ". Les deux anciens sondeurs ont eu beau envoyer six caisses de documents cet été pour justifier quatorze contrats, dont celui attribué à Guillaume Pepy, le patron de la SNCF, et son proche entourage (quelque 700 000 euros par an), les magistrats se sont une nouvelle fois interrogés sur l'absence de " mise en concurrence ".

D'autant que l'épisode fait écho aux 2,56 millions d'euros versés par la présidence de Nicolas Sarkozy à cette même société entre 2008 et 2012, au coaching des ministres du gouvernement Fillon " attribué dans des conditions contestables " et facturé plusieurs centaines de milliers d'euros, mais aussi au pilotage moyennant 250 000 euros de la mission lycée menée par Richard Descoings, le défunt directeur de Sciences Po.

Les réponses faites à la Cour ne varient guère : " sensibilité des prestations ", " relation intuitu personae " justifient ces contrats de gré à gré, et sont la " norme " dans le milieu. " Si on lance un appel d'offres européen, le président peut se retrouver avec une équipe polonaise. Or, la relation de confiance est vitale ", détaille au Monde Alain Peron, qui s'interroge sur le " traitement de faveur  de la Cour à - leur - égard ". Pourquoi citer le nom de leur société alors que celui de leurs concurrents reste le plus souvent dans l'ombre ?

Les apparitions répétées de " GiacomettiPeron " dans les publications de la Cour racontent en creux l'histoire de l'ascension fulgurante de ce cabinet de conseil en stratégie né de pas grand-chose en février 2008, si ce n'est des liens de ses dirigeants avec une droite qui ne semble pas très préoccupée par le code des marchés publics, voire l'ignore délibérément pour privilégier des sociétés amies.

Pierre Giacometti a accompagné pendant de nombreuses années le ministre-candidat, c'est donc tout naturellement qu'il se tourne vers Nicolas Sarkozy lorsque ce dernier devient président de la République et que lui lance son affaire. Le chef de l'Etat lui confie " la stratégie d'opinion ". Le très controversé Patrick Buisson hérite des sondages. Dans les deux cas, " personne ne se pose la question de rédiger un appel d'offres ", admettait un ancien du cabinet (Le Monde du 11 octobre 2012), qui précise qu'" il n'y en avait pas non plus pour la boucherie ou la tente du 14-juillet ".

Le contrôle des comptes de l'Elysée en 2009 - une première - régularise le marché des études, mais pour GiacomettiPeron, rien ne change. " "Le président a été très clair", nous a dit Guéant. On reste en gré à gré, c'est de la confiance ", raconte M.Giacometti, qui revoit tout de même ses honoraires à 52 000 euros mensuels, puis à 39 600 euros, contre 65 780 euros initialement. Le cabinet consent d'autant plus à cet effort qu'il a décroché de nouveaux contrats... avec le gouvernement. Il aide Rachida Dati à faire accepter sa réforme judiciaire, travaille sur les interventions d'Eric Besson, alors à l'immigration, mais aussi sur les discours des ministres de l'intérieur Brice Hortefeux et Claude Guéant. François Fillon, Xavier Bertrand, Laurent Wauquiez écouteront également les précieux conseils de GiacomettiPeron. Il en coûtera, en trois ans, près de 2 millions d'euros aux finances publiques. L'enquête ouverte par le parquet de Paris après la plainte pour " délit de favoritisme et détournement de fonds " déposée par Anticor est toujours en cours.

Appeler " Giaco " lorsqu'une crise menace devient à cette époque un réflexe. En janvier 2009, lorsque l'Elysée charge M. Descoings de désamorcer la bombe de la réforme Darcos, c'est son cabinet qu'on sollicite. Le patron de Sciences Po part quatre mois à la rencontre des lycéens : pour 250 000 euros, les deux sondeurs coordonnent l'opération. Là encore, aucun appel d'offres. " C'était une course contre la montre, il fallait éteindre le feu ", justifie M.Giacometti. La mission coûtera au total 836 252 euros et sera financée aux trois quarts par la Fondation nationale des sciences politiques, qui ne récupérera jamais son avance.

C'est peu dire que le tout dernier né des cabinets de conseil ne connaît pas la crise sous la Sarkozie. Entre 2008 et 2011, le chiffre d'affaires passe de 3 à 5 millions d'euros. En 2010, les bénéfices dépassent 1,5 million d'euros. Et lorsque les deux associés et la banque Rothschild, actionnaire à 5 %, se répartissent 1,2 million d'euros de dividendes en 2010, les salariés, une quinzaine, reçoivent un intéressement.

L'activité marque toutefois le pas à partir de 2011 - " la crise ", analyse le duo.  En 2012, lorsque la droite quitte les affaires, les contrats avec les politiques s'arrêtent net. Même le marché historique avec l'UMP, qui leur assurait 10 000 euros par mois, en plus de celui de 270 000 euros pour une remise à jour de la base des militants, sont stoppés en août dernier. " Il ne fallait pas donner le sentiment de faire la campagne du président avant les élections ", explique M. Giacometti.

Les deux sondeurs avaient toutefois assuré leurs arrières en sollicitant les patrons croisés lors des années Ipsos. " Les grands dirigeants ont autant besoin d'être conseillés que les politiques ", détaille M. Giacometti, qui voit " beaucoup de points communs entre un Nicolas Sarkozy, un Richard Descoings et un Guillaume Pepy ". Jean-Charles Naouri, le PDG de Casino, fut leur client pendant quatre ans. La société a renseigné Coca-Cola sur les habitudes des Européens, conserve des contrats avec GDF-Suez, la Société générale. Et entre un aller-retour à Madrid où ils viennent d'ouvrir une filiale, MM. Giacometti et Peron expliquent aux étudiants du master de Sciences Po " comment communiquer dans la société paranoïaque ". Tout un programme.

Emeline Cazi

Rédigé par Philippe NOVIANT

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